La Maréchalerie

FARANDOLES

Jacques Julien Exposition du 2 février au 7 avril 2007
Insensé, singulier, incongru, étrange composent le vocabulaire utilisé face au travail de Jacques Julien. La référence de son travail au domaine du sport semble nous rendre ses ½uvres connues et familières. Mais cette récurrence ne reste qu'une référence, un point d'appui à des digressions formelles et spatiales, un prétexte à réflexions. Réflexion, mais non thème de recherche " art et sport ", ou encore moins source de développement d'idées démonstratives d'une quelconque critique socio politique ; modèle cependant particulièrement à propos quant à son potentiel d'interrogation de la forme et de l'espace. Sculpteur, Jacques Julien pose la question de l'objet, de sa forme et de sa place, de sa fonction dans l'espace, de l'objet générateur d'espace, de l'objet comme espace même, et de fait, interroge l'espace recevant l'objet, l'environnement. Réflexion, mais également dérision. Nous sommes en présence d'un objet inadéquat, inadéquat à son fonctionnement, inadéquat à son environnement. Face à des objets dont certaines formes ou matériaux rapportent directement à des schèmes connus, sortis de leur contexte, bouleversés, modifiés, nous appréhendons des objets-sculptures brisant tous référents habituels, s'engouffrant dans un espace irrationnel et ouvrant de nouveaux possibles … A travers sa sculpture, il interroge la forme et son sens. A travers les mots, Jacques Julien questionne encore la syntaxe, comme il peut bouleverser le traitement et la signification de l'image lorsqu'il réalise des films d'animation. Les supports sont multiples et sous-tendent une douce ironie. Son travail peut évoquer les icônes du sport, mais aussi bien celles du conte pour enfant, du dessin animé ou de l'histoire fantasmagorique. Les histoires qu'il nous raconte, sans être des récits, sont surprenantes, à la fois ludiques et étrangement inquiétantes, nous situant dans cet équilibre aléatoire du fil tendu entre burlesque et fin inéluctable. L'artiste bouscule, dérange peut-être, dans tous les cas modifie notre perception de l'objet et de l'espace qui le compose et qu'il compose. Si but ou fonction il y a, ce qui est loin d'être certain, il n'est sans doute pas celui de trouver ou de retrouver un sens. Il s'agit davantage de mettre en exergue un certain nombre de questionnements, sans obligation de résultats, de rester tout simplement en éveil. Après l'analyse, le tourbillon des pensées et des supputations, il reste peut-être uniquement et simplement à revenir au point de départ. Cependant Jacques Julien aura réussi à nous sortir du lieu commun, à nous entraîner vers l'essentiel, à susciter notre imaginaire et nous aura fait faire un beau voyage, irrationnel, une " farandole " … En amont de l'exposition, Jacques Julien a mené un workshop avec un groupe d'étudiants de troisième année de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Versailles, dans le cadre de leur atelier vidéo. Une recherche a été engagée sur la thématique du rapprochement et de l'utilisation de l'image et du " texte " en vidéo. Les films, résultats des réflexions portées par les jeunes architectes et témoignages de leur échange avec l'artiste, sont projetés à l'occasion de l'exposition.