Expositions - La Maréchalerie

Lampedusa - Didier Fiuza Faustino

Du 04.05 au 13.07.2019

Lampedusa, Didier Fiuza Faustino / © Didier Fiuza Faustino

"La question de la migration, de la fuite et du refuge est on ne peut plus d’actualité aujourd’hui, notamment dans la région méditerranéenne. Le projet Lampedusa [2015] apparaît 15 ans après Body in transit [2000]. Il en est l’écho contemporain. Cette pièce, sorte de balise ou bouée de sauvetage fait directement référence au tableau Le radeau de la méduse, de Théodore Géricault. Elle est la représentation d’un drame, un arrêt sur image pour dire l’humanité et l’inhumanité et faire réfléchir sur ce moment de transit qui est aussi un moment de transition, de mutation et de transe."

Didier Fiúza Faustino

L'exposition 

La Maréchalerie présente une nouvelle exposition de Didier Fiúza Faustino dans le cadre de la première édition de la Biennale d'Architecture et de Paysage d'Île-de-France à Versailles.

"Nous vivons une époque où l’impossibilité de s’échapper domine, où le sujet où qu’il soit devient une finalité, un territoire à conquérir et revendiquer. Sous couvert de flexibilité et mobilité – maîtres mots de nos sociétés contemporaines – nos corps sont en constants déplacements, sans que nous soyons redevenus nomades pour autant. Car chaque pas, chaque mouvement est tracé, codé. Dans un monde connecté et augmenté, le déplacement est lui aussi devenu un objet de contrôle et d’application du pouvoir. L’homme moderne n’est ni libre, ni nomade ; c’est un sédentaire en mouvement, perpétuellement géolocalisé, qui contribue lui-même à son repérage par l’usage narcissique des réseaux sociaux. 

Lampedusa amène la question de la trajectoire, du déplacement et de la liberté. La flânerie du XIXe siècle, revendiquée, à contre-temps, s’est transformée peu à peu en son revers, une sorte de sur-orientation dont l’opposé serait une dérive plus qu’une désorientation. Il en vient la nécessité de proposer des objets de trajectoire, des obstacles de survie, des cages prothétiques. Comment en effet créer des espaces de liberté sinon en s’infiltrant dans l’entre-deux, en dépassant une grille tri-dimensionnelle où l’humain n’est plus, en s’écartant d’une narration linéaire pour rejoindre un récit nécessairement déstructuré, comme l’est celui du rêve ? Comment proposer de nouveaux possibles sinon en articulant les corps, leurs entraves et leurs déplacements ? Transit entre deux rives, deux continents et transition entre deux statuts, de l’homme au naufragé, de l’homme au réfugié.

Lampedusa agit comme un révélateur qui réincarne le décompte macabre du nouvel espace-temps qu’est la Méditerranée ; interstice où les politiques migratoires et sociales n’ont pas de prise. Une fois encore, elle n’est pas une solution au problème, mais le symbole de sa complexité. Une architecture de l’échec, une mesarchitecture." 

- Didier Fiuza Faustino

L'artiste

Né en 1968, Didier Fiúza Faustino travaille sur une certaine forme de rapport à l'ergonomie en questionnant les rapports du corps à l'espace. Son travail trouve
autant de résonances dans des problématiques architecturales et sociales, économiques ou politiques.
Il vit et travaille entre Paris et Lisbonne.
l est représenté par la Galerie Michel Rein.